Mardi 24 juillet 2170

J’ai trouvé le moyen de défier le temps. Il est l’élément qui nous faisait le plus cruellement défaut mais désormais, il ne me fait plus peur. Nous allons accomplir ce dont l’humanité a toujours rêvé : échapper à la mort.
Le projet d’un paradis virtuel est né quelques jours après que Keijo et moi ayons appris la dure nouvelle de sa maladie. Il n’existe pour le moment aucun traitement, mais ni lui ni moi ne désirions le placer en stase pour préserver son corps de l’attente. Cette séparation aurait été définitive, nous n’en avons que trop conscience.
Comme une évidence, la solution s’est imposée à moi : sur le même principe que les modélisateurs, je pourrais non pas recréer la matière mais la transformer en signaux informatiques ! Ainsi numérisé, l’être humain serait ensuite recomposé dans un programme dédié de ma création, là où il ne pourrait subir les effets ni du temps, ni de la maladie.
Keijo gagnera ainsi de précieuses années et sera ramené à son corps matériel quand un remède aura été inventé pour guérir le mal qui le ronge. Nous pourrons rester ensemble, aussi longtemps que nous le désirons.
Il n’est pas un moment où je ne pense pas à ce paradis virtuel, à ce qu’il va nous apporter et à ce que je dois mettre en place pour sauver mon aimé. J’ai commencé mon travail dans le laboratoire sous terre. Le projet prend forme, mais je dois faire vite : jusqu’à notre numérisation, nous sommes vulnérables.