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Pourquoi je suis devenue auto-entrepreneuse

06 octobre 2022

En 2021, je me suis lancée dans la grande aventure de l’auto-entreprenariat en devenant script doctor/bêta lectrice professionnelle/bientôt éditrice freelance. J’ai toujours voulu travailler de le monde du livre et plus particulièrement dans l’édition mais j’ai fait le choix de tenter d’être ma propre patronne pour plusieurs raisons, que l’on aborde ensemble aujourd’hui.

Me lancer à mon compte : un disclaimer

Ça n’a pas été une décision facile et elle a été mûrement réfléchie. Je me dois de préciser que si je me suis lancée dans cette aventure, c’est parce que j’en avais envie certes, que je m’en sentais capable car j’adore avec plein de casquettes, mais aussi parce que j’avais mis de l’argent de côté et que j’avais de quoi me soutenir financièrement le temps que mon entreprise commence à tourner. J’avais aussi des compétences et des expériences professionnelles dans le milieu dans lequel je me suis lancée : sans ça, je n’aurais sûrement pas osé devenir entrepreneuse. Il n’est pas obligatoire d’avoir des diplômes pour se mettre à son compte, je pense que tant que l’on a quelque chose (une plus-value, une expertise,…) à apporter à nos client.es, c’est le plus important, mais pour ma part, je dois avouer que sans mes diplômes et mes multiples expériences, je me serai sentie illégitime (c’est quelque chose sur lequel je travaille beaucoup, même maintenant encore, le syndrome de l’imposteurice est puissant).

Les raisons pour lesquelles j’ai fait le choix de l’auto-entreprenariat

  1. Je suis une personne handicapée qui ne veut plus sacrifier sa santé pour le travail en entreprise. C’était la raison principale qui a motivé ce choix. C’est assez compliqué de gérer ma santé physique et mes besoins médicaux en ayant un travail salarié. En tant que personne avec un handicap invisible, donc qui ne se voit pas, quand je suis employée quelque part on m’en demande autant qu’une personne valide, sauf que je n’ai pas la santé et l’énergie des gens qui sont en « bonne santé » physiquement. Pour illustrer ça, je vous donne un exemple que je trouve assez parlant : une personne valide a à sa disposition dix bananes dans une journée, qu’elle mange en fonction des choses qu’elle a à faire pour s’assurer d’avoir de l’énergie quand elle en a besoin. Moi, j’ai seulement cinq bananes, mais le même nombre de taches à faire : travailler, m’occuper de mon foyer, avoir une vie sociale, avoir quelques loisirs,… Avec cinq bananes, impossible de faire tout ce que les personnes qui en ont dix peuvent accomplir. Parfois, il me restait tellement peu d’énergie à la fin de mes journées de travail que je devais choisir entre me faire à manger et aller me doucher, car j’étais physiquement incapable de faire les deux. On ne parle même plus d’avoir une vie sociale ou du temps pour les loisirs : ça passait complètement à la trappe. Entre ça et les remarques constantes sur mon handicap, sur quelques absences dues à mes rendez-vous médicaux que l’on me demandait de rattraper sur mon temps libre,… la situation est devenue de plus en plus complexe à gérer et j’ai compris qu’il fallait que je fasse passer ma santé avant tout et que je prenne mes distances avec le salariat.

  2. Je suis spécialisée dans l’édition de textes jeunesse/young adult et le soucis, c’est que les maisons d’édition qui en publient sont en région parisienne. J’ai vécu sur Paris pendant deux ans quand j’ai fait mon école d’écriture et cette ville, aussi belle soit-elle, me pose plusieurs problèmes : elle est chère, y trouver un logement décent est compliqué, elle est polluée et elle m’angoisse aussi particulièrement. Autant dire qu’en tant que personne handicapée atteinte d’une maladie pulmonaire, vivre dans un taudis à peine isolé et respirer l’air pollué ne m’a pas fait beaucoup de bien, ni physiquement ni mentalement et je ne suis pas prête à faire ce sacrifice à nouveau.

  3. La troisième raison c’est que quand on travaille en entreprise, on ne choisit pas ses collaborateurices. N’ayez crainte, j’ai évidemment eu de très bonnes relations avec certain.es collègues, j’ai rencontré des personnes formidables, mais j’ai aussi eu la mauvaise surprise de croiser la route de certaines personnes malhonnêtes et irrespectueuses et ça m’a beaucoup marquée. Pour moi, ce n’est pas concevable d’aller tous les jours travailler avec la peur au ventre, de ne pas se sentir en sécurité sur mon lieu de travail,… Je n’ai plus envie de m’imposer la présence de personnes qui nuisent à ma santé mentale et à mon bien être.

Mon entreprise de script doctoring

Je suis devenue auto-entrepreneuse à la fin de l’année 2021 et j’ai commencé à vraiment prendre mes marques dans mon travail et mon statut il y a quelques mois. Je suis donc script doctor, c’est-à-dire que je travaille avec des auteurices pour les aider à peaufiner leur manuscrit pour qu’ils puissent atteindre les standards professionnels des maisons d’édition et des marchés de l’édition.

Pour faire ce travail, je m’appuie évidemment sur mon Master édition et les connaissances théoriques qu’il m’a apporté mais aussi et surtout sur mon travail d’agente littéraire (j’ai été agente en alternance en 2017 et je m’occupais notamment des soumissions et du travail éditorial sur les manuscrits que nous avions signés, mais aussi de la veille sur les plateformes d’écriture) et sur mon expérience d’assistante d’édition que j’ai eue dans une maison spécialisée dans la jeunesse.

Dans le cadre de mon travail, j’offre deux services : le script doctoring, qui vise à professionnaliser le manuscrit dans le fond et la forme pour qu’il soit aux standards du marché et la lecture sensible, qui vise à éviter les tropes et les propos maladroits, blessants, discriminants sur certaines communautés marginalisées (dans mon cas je traite de thématiques queers et liées au handicap). Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ces offres en cliquant ici.

Une journée typique dans ma vie d’auto-entrepreneuse

Le matin je suis très créative, donc je réserve ces heures là à l’écriture : je mets ma casquette d’autrice. J’écris, je prépare la publication de mes romans, je mets en place les précommandes,…

L’après-midi, je me consacre entièrement à mon activité d’entreprise et à mes client.es. D’abord, je réponds au mails, je fais et envoie des devis, je prends des nouvelles des auteurices avec qui je travaille ou avec qui j’ai travaillé, pour leur dire où j’en suis ou leur demander comment se passe leur réécriture ou leurs soumissions,…

Une fois que c’est fait, je passe à la lecture des manuscrits que j’ai sous contrat : en général, je dédie une heure de lecture/prise de notes à chaque projet, puis j’en change. Ça m’aide à rester concentrée et à garder un meilleur recul critique sur les détails du texte. Il m’arrive parfois de jongler avec trois manuscrits par jour, et d’autres fois quand la période est plus calme avec un seul (auquel cas je travaille dessus plus longtemps, mais en faisant une pause au milieu quand-même pour arriver à canaliser ma concentration).

J’adore faire ce travail, pouvoir découvrir tant d’univers et de joyaux à polir, discuter avec autant d’auteurices talentueux.ses, c’est pour moi le plus beau métier du monde !

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Morgane Luc

Hey, moi c’est Morgane, autrice et podcasteuse ! J’ai créé “Confidences d’écriture” pour partager ma passion pour l’écriture, la lecture et mes conseils en édition.

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