Aimelou On tatouera notre jeunesse dans la neige autrice

Interview avec Aimelou :

son parcours en autoédition

08 septembre 2022

Aujourd’hui on accueille Aimelou, autrice du roman autoédité « On tatouera notre jeunesse dans la neige » paru en 2022. On inaugure avec elle un nouveau type de contenu : des interviews d’auteurices ou de profesionnel.les du monde du livre. Aimelou s’est prêtée à l’exercice avec brio, et je vous livre sans plus tard notre discussion.

1. Hello Aimelou, est-ce que tu peux te présenter ?

Aimelou : Salut ! Moi c’est Aimelou, j’ai 21 ans et je suis une autrice blanche et queer qui écrit depuis l’âge de 13 ans. J’ai commencé plutôt par de la fantasy car j’avais besoin de m’évader et de créer des univers différents. C’est seulement en 2019, quand j’ai commencé mes études, que j’ai écrit pour la première fois un contemporain : « On tatouera notre jeunesse dans la neige », mon premier roman publié.

2. Parlons un peu de On tatouera notre jeunesse dans la neige : est-ce que tu peux nous pitcher le roman ?

Aimelou : On suit six ami.es qui ont été séparé.es par leurs études et qui se retrouvent pour une semaine de vacances à la montagne. Ce roman se passe dans la région où j’ai grandi, dans un petit village pittoresque savoyard car j’avais besoin de me rappeler la maison. Ces six persos sont plein de questionnements sur leur orientation, les études, l’avenir, la construction de soi dans un groupe et hors du groupe, mais ce roman c’est surtout beaucoup de douceur, d’amour et de bienveillance. C’est ce dont j’avais besoin en l’écrivant et c’est donc tout ce que j’ai voulu mettre dans ce récit : je voulais que les personnages puissent apprendre à apaiser leurs doutes ensemble.

3. Comment s’est passée l’écriture de ce récit pour toi ? comment as-tu eu l’idée, combien de temps as-tu mis pour l’écrire, quand as-tu commencé à penser à la publication/au partage de ton historie ?

Aimelou : J’ai eu l’idée du roman dès la terminale, car je voulais explorer la construction du futur quand on est adolescent/jeune adulte. C’est ce qui m’a lancée sur l’idée d’écrire sur le début des études supérieures mais évidemment à l’époque, je n’avais jamais quitté le cocon familial, donc je me suis laissé le temps de commencer mes études pour écrire ce récit. Je suis entrée en prépa littéraire à Lyon et le fait de quitter ma ville et mes proches m’a beaucoup déstabilisée. J’ai eu besoin de me recréer de la sécurité, de m’apporter un réconfort que je ne trouvais pas dans les œuvres de fiction. J’ai décidé d’écrire cette histoire car elle était ce dont j’avais besoin à ce moment-là : réconfortante et douce.

Pour l’anecdote, j’ai trouvé le titre de ce roman quelques mois avant de commencer à l’écrire, en août 2019. J’ai commencé l’écriture en novembre 2019 et je l’ai partagé sur Wattpad à partir de Décembre jusqu’à Juin 2020. Ça m’a vraiment aidée car j’ai eu des retours très positifs de lecteurices investi.es et toute cette bienveillance m’a beaucoup encouragée. 

4. Est-ce que tu avais l’idée de publier ce roman dès le départ, ou est-ce que c’est la publication et les retours sur wattpad qui t’ont donné cette envie ?

Aimelou : Je suis très perfectionniste et j’avais peur de continuer à réécrire et retravailler ce roman sans pouvoir m’arrêter si il n’y avait pas une version papier « définitive » qui venait stopper tout ça. J’avais envie d’avoir un ouvrage papier pour avoir une sensation d’accomplissement. En même temps, avec les retours des lecteurices que j’ai eu, j’ai eu envie de pouvoir leur offrir à elleux aussi une version papier.

Je n’avais pas envie de chercher une maison d’édition ; peut-être que je manque de patience, mais l’idée que le processus éditorial puisse durer six mois, un an, deux ans, sans avoir l’assurance que l’histoire serait publiée m’embêtait.

De plus, une des spécificités du roman c’est qu’il est écrit en écriture inclusive car il y a des représentations queers qui me tiennent à cœur, notamment un personnage non-binaire qui n’utilise ni le féminin ni le masculin pour se genrer. Pour cette représentation et aussi pour l’aspect féministe, j’ai choisi d’utiliser l’écriture inclusive et j’ai donc exploré toutes les questions qui en découlaient. Sachant ça, ça me paraissait encore plus difficile qu’une ME accepte ce manuscrit, je pensais même que ça serait impossible. Ce n’est qu’après que j’ai découvert les livres de Cordélia, qui utilisent l’écriture inclusive aussi, mais entre mon envie d’avoir mon livre dans les mains et l’inclusivité, l’autoédition s’est confirmée comme étant le meilleur choix pour moi.

5. Pourquoi as-tu décidé de produire ton roman toi-même et de ne pas passer par amazon kdp ou une autre plateforme d’autoédition ?

Aimelou : Ce n’était pas prévu que le livre soit publié avec une telle qualité au niveau du produit fini et de l’accompagnement éditorial. Je n’avais pas envie d’utiliser Amazon KDP, surtout parce que je ne connaissais pas bien le système et j’étais réticente à l’idée de me lancer : ça m’avait l’air un peu compliqué. Au départ, je connaissais surtout les plateformes d’impression à la demande, par lesquelles je pensais passer. Une de mes ami.es était passée par The book edition et ça avait l’air pratique car je n’avais pas besoin d’avancer les frais, ce qui est une des grosses questions en autoédition.
Et puis, Marion (de l’entreprise Miralta) est arrivée et a tout chamboulé pour le meilleur.

6. Tu as collaboré avec Miralta pour la publication : comment avez-vous décidé de travailler ensemble ?

Aimelou : J’ai découvert son compte par hasard sur instagram, sur lequel elle fait une très belle com. Ça m’a donné envie d’en savoir plus sur ses services, sur ses prix,… ça coïncidait avec l’anniversaire de mes vingt ans et je me suis dit que je pouvais m’offrir une correction et une maquette chez elle.

Je me suis dit qu’il n’y avait pas d’enjeux, puisque j’étais en autoédition et que je comptais faire mon livre moi-même : je n’avais de compte à rendre à personne sur la façon dont je créais mon roman. Cette pression en moins, je lui ai envoyé un mail pour savoir si elle serait intéressée de travailler avec moi.

Et le projet lui a beaucoup plu ! Je n’en revenais pas : elle aimait les thématiques et l’exploration que j’abordais dans le roman et l’écriture inclusive l’emballait aussi. Le fait qu’une professionnelle de l’édition soit enchantée par mon projet m’a fait tellement plaisir.

De fil en aiguille, j’ai ajouté des prestations à la correction et la maquette qui m’avaient intéressée à l’origine car j’ai découvert mille et unes choses grâce à Marion. A ce moment-là, c’était l’été et j’avais un petit job et j’ai décidé d’investir cet argent dans la publication de mon livre, ce que je n’aurais pas eu l’occasion de faire à un autre moment. C’est tombé pile quand il le fallait.

7. Comment s’est passé la collaboration : sur quoi t’a-t-elle accompagnée, ce que ça t’a apporté,... ?

Aimelou : Marion m’a donc accompagnée sur la correction et la maquette, mais aussi la fabrication (elle m’a proposé différents imprimeurs et devis, on a discuté de choix de papier, d’aspect de couverture,…) pour avoir l’objet livre qui correspondait à l’histoire et à ce que je voulais transmettre. Elle m’a accompagnée également sur la communication, grâce à la création d’un dossier presse, l’envoie de services presse et la communication sur les réseaux, surtout instagram.

Elle a aussi accepté de s’occuper de la distribution, plus comme une faveur. Au moment de la sortie du roman, j’étais en train de faire mes études en Allemagne et Marion a bien voulu s’occuper du stock et des envois le temps que je revienne en France. C’était inestimable sinon le livre ne serait jamais arrivé dans les bibliothèques de mes lecteurices.

Marion a donc géré toutes les étapes de la publication et a coordonné les différentes personnes qui ont travaillé sur le roman : la deuxième correctrice, l’illustratrice et la cuisinière à l’origine des recettes que l’on peut retrouver dans le roman.

Elle a fait renaître mon rêve d’édition.

8. Le roman a été imprimé dans une imprimerie française : est-ce que c’était quelque chose qui te tenait à cœur ?

Aimelou : J’ai des valeurs éthiques éco-responsables et avoir un produit de qualité qui ne viennent pas de l’autre bout de la planète était important pour moi. Le livre a été imprimé à Bordeaux et le papier vient des Vosges. J’avoue qu’avec la crise de papier que l’on subit de plein fouet, je commence à me rendre compte que je suis étudiante et que mon livre à l’heure actuelle ne me rapporte pas encore de revenus. Par la suite, je n’aurais plus de budget pour payer la qualité du papier. Aujourd’hui, j’en viens à être moins regardante et à me dire « on fait comme on peut ». Je regarde où les impressions sont les moins chères pour continuer à faire vivre de mon livre de manière viable pour moi aussi.

9. Comment tu continues à diffuser et distribuer ton livre neuf mois après sa sortie ? sur quoi tu te concentres ?

Aimelou : J’ai mis beaucoup de choses en place après la sortie, en essayant de ne pas me surmener. J’ai suivi la formation de Margot Dessenne pour créer mon site internet d’autrice, sur lequel j’ai ouvert ma boutique en ligne pour vendre et distribuer moi-même mon livre. Sur le site, on peut commander le livre, choisir parmi différents moyens d’envoi (la poste, mondial relai) et on peut également, pour les personnes qui le désirent, faire un don supplémentaire pour me soutenir.

Ensuite j’ai démarché des librairies. Aujourd’hui, mon roman est disponible dans huit librairies, surtout dans le Rhône-Alpes. Ça a été super enrichissant comme expérience car il a fallu entrer en contact avec les libraires et surtout leur pitcher le livre pour leur donner envie de l’avoir en rayon et pour lui offrir une vitrine supplémentaire. Ca a pris un peu de temps, car les libraires sont débordé.es, mais ça a été une expérience incroyable.

10. Comment gères-tu la crise du papier en tant qu’autrice auto-éditée ?

Aimelou : Actuellement j’ai vendu 65% de mon stock et j’espère que les exemplaires restants vont me suffire pour la saison avant que de relancer une prochaine impression parce que j’aimerais vraiment avoir le temps de comparer les devis et ne pas avoir à réimprimer dans l’urgence. J’ai contemplé l’idée de passer par une plateforme d’impression à la demande une fois le stock écoulé, mais la qualité sera moins bonne et le prix de l’exemplaire à l’unité est peu avantageux.

Aujourd’hui ce qui me paraît le plus envisageable serait de lancer un crowfunding pour une réimpression car je n’ai pas le budget pour avancer les frais d’impression seule. J’ai envie de continuer à faire vivre le roman, donc j’envisage toutes les possibilités de palier et contreparties pour le financement participatif dans le but de me refaire un stock quand le premier aura été vendu.

11. Concernant tes prochains projets, sur quoi tu travailles en ce moment et vas-tu continuer en tant qu’autrice autoéditée/indépendante ?

Aimelou : En ce moment je n’ai pas trop le temps d’écrire malheureusement. J’avance un peu en venant sur les lives du café des auteurices quand je pense à y participer, mais je vais essayer d’ancrer plus ce rituel dans ma routine du dimanche. Mais en général, j’écris quand je me sens bien pour écrire et là, visiblement, ce n’est pas le bon moment et je ne veux pas me forcer ou culpabiliser de ne pas trouver le temps. Je suis très occupée, entre les déménagements et emménagement, entre la fin de l’année universitaire en Allemagne qui empiète sur la rentrée en France, bref, difficile de trouver le temps !

Sinon, je travaille sur une suite de On Tatouera, qui se passe deux ans plus tard, avec les mêmes personnages qui partent en vacances mais en été cette fois-ci. Iels vont pouvoir faire le point dans leur vie et leurs relations, ce qu’iels ressentent, leurs besoins, leurs doutes,… à nouveau ce roman va refléter là où j’en suis dans ma vie, dans mes études, et chaque personnage va incarner des thématiques et problématiques que j’ai vécu et qui me touchent. J’ai d’ailleurs envie de parler un peu de la façon dont les étudiant.es ont vécu les confinements et l’isolation des années précédentes, entre autres évidemment car il y aura aussi beaucoup de belles choses et de projets qu’iels veulent mettre en place.

Au début, je me suis demandé si j’allais me mettre une deadline pour ce projet, et finalement, je n’en ai pas envie. Je ne veux pas que l’écriture devienne un poids ou un stress : chaque chose en son temps.

12. Un mot de la fin : qu’est-ce que tu lis en ce moment ?

Aimelou : J’ai lu « Loveless », de Alice Oseman, il y a peu et c’était la première fois depuis longtemps que je me suis plongée à ce point dans un univers. Là j’ai commencé « Celle qui devint le Soleil » de Shelley Parker Chan, que j’ai vu en dédicace à Epinal cette année, mais en fonction de l’écriture je verrai si j’arrive à le continuer car je sais que les thèmes abordés sont difficiles et en ce moment j’ai besoin de plus de douceur. A voir…

Si vous avez apprécié cette entrevue avec Aimelou, vous pouvez retrouver sa douceur et sa bienveillance sur instagram (@aimelou_autrice) ou découvrir son roman sur son site internet : www.aimelou.fr

Morgane Luc script doctor et lectrice sensible

Morgane Luc

Hey, moi c’est Morgane, autrice et podcasteuse ! J’ai créé “Confidences d’écriture” pour partager ma passion pour l’écriture, la lecture et mes conseils en édition.

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